Le tango et le brut ?

"Brut" correspond à notre goût d’un tango organique. Pas d’enchainements appris par cœur ni chorégraphiés, notre tango n’est qu’écoute :

• Écoute de soi  : comment économiser notre force, comment trouver l’efficacité du mouvement, comment clarifier notre guidage pour notre partenaire, comment trouver un état corporel à la fois gainé et relaché, détendu.
• Écoute de notre partenaire : le tango est un langage corporel universel, on le pratique dans le monde entier avec des inconnus dont on ne parle parfois pas la langue. Et pourtant on va se comprendre et partager la danse. L’écoute du partenaire permet d’arriver à ce partage et cette communication totale.
• Écoute de la musique, si riche, si diverse, tout un continent ! Il s’agit de jouer avec les notes autant que les musiciens espiègles ont joué avec les danseurs.
• Écoute du bal, pour ne pas se cogner aux autres couples. Nous dansons parfois des centaines dans des petits espaces, il faut donc apprendre à prendre conscience du bal dans sa globalité.

Notre pédagogie globale se base sur le mécanisme brut, simple et génial du tango argentin : un.e GUIDEUR.SE propose un direction, un.e GUIDÉ.E interprètent cette direction en mouvement, les DEUX font le mouvement ensemble, sur la musique et avec le bal.

Bien-sûr le tango ainsi dansé est élégant, mais cette élégance est une conséquence, non une recherche en elle-même. Un exemple ? Regarde cette vidéo de maestro que nous adorons par dessus tout, Carlos Espinoza et Noelia Hurtado. Tout est improvisé dans cette vidéo.

1. COUPLE, GENRE ET RESPECT

Le tango se danse en couple, en position plus ou moins rapprochée. Nous aborderons dès les premiers cours la question primordiale du genre et du respect de l’autre. À son origine le tango se dansait plutôt entre hommes puis, en raison de l’engouement planétaire qu’il a rencontré, il est devenu mondain et s’est sexué selon les standards dominants où l’homme "guide" et la femme "suit". MAIS RIEN NE JUSTIFIE, dans la danse, CETTE RÉPARTITION GENRÉE !

Nous demandons à nos élèves débutants d’apprendre les deux rôles :
– pour interroger par le corps ces principes sexués hérités de l’histoire
– parce que l’apprentissage d’un rôle suppose la compréhension de l’autre rôle : en apprenant à “suivre”, on peut mieux “guider”.
– parce que "suivre" n’est pas "subir", "guider" n’est pas "dominer". Il faut le sentir pour le comprendre ! Par cette danse, nous créons un espace de discussion corporel dans lequel chaque partenaire est respecté et apprécié, indépendamment de son rôle et genre.

2. LANGAGE FONDAMENTAL DU TANGO (OU STRUCTURES)

Nous étudierons le langage fondamental du tango argentin qui se résume à des éléments de base (marche à deux en avant ou arrière, marche latérale ; pivots à l’axe) et trois systèmes (parallèle, croisé, déboîté). La combinaison infinie de ces éléments produit des "figures" plus ou moins complexes que nous verrons au long de l’année.

3. ENTRAÎNEMENT PHYSIQUE (OU POSTURE)

Cette danse ne demande pas d’aptitude corporelle particulière, toute personne peut y avoir accès. Néanmoins, elle suppose une préparation physique consistante pour être capable de tenir une posture gainée sans tension, de se déplacer dans l’espace avec puissance et sans effort et de prendre dans les bras notre partenaire avec douceur et bienveillance. Nous proposons, à chaque cours, des échauffements et exercices ludiques accélérant le développement de ces aptitudes physiques.

4. DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCOUTE (DE SOI, DES AUTRES, DE LA MUSIQUE)

Le tango argentin n’est pas chorégraphié mais improvisé, il se danse en couple et dans des bals parfois bondés. Il demande donc un niveau d’écoute de soi, de l’autre et du groupe très élaboré. Nous puisons dans d’autres disciplines (théâtre, arts martiaux ou danses diverses) des exercices adaptés pour affiner cette capacité d’écoute de soi (concentration) et des autres (empathie).

Par ailleurs nous dansons le tango sur un répertoire musical très riche, nous en étudierons les caractéristiques rythmiques fondamentales par des cours de musicalité ad hoc, et par l’écoute d’un orchestre différent tous les deux cours.

5. CRÉATIVITÉ ET RECHERCHE

La combinaison de ces éléments sociétaux (1) et techniques (2, 3 et 4) rendront possible l’émergence de la créativité propre à cette danse improvisée. Par des exercices obligeant les élèves à n’utiliser que certains éléments techniques (par exemple que de la marche), nous les inciterons à chercher par eux-mêmes des nuances possibles, et donc à improviser pleinement.

Par ailleurs nous proposons, en plus des cours, des temps de pratiques pour les que les élèves puissent expérimenter par eux-mêmes les infinies combinaisons possibles.

6. STRASS, PAILLETTES ET CULTURE DU BAL

Enfin, tout au long de l’année, nous donnerons des éléments historiques et culturels afin que la compréhension de la danse, du bal et de la musique en soit facilitée. Le tango est avant tout chose un échange intense et extraordinaire entre deux personnes le temps de quelques danses, il s’agit de se préparer pour que cette rencontre se passe dans les meilleures conditions !

Le tango argentin s’apprend en cours mais se danse dans des soirées. Sur Toulouse, une importante communauté de tanguerxs organisent et animent des bals, si bien que l’on peut danser quasiment tous les jours !
Les danses pratiquées durant un bal tango (ou autrement appelée une "milonga") sont au nombre de trois :

• LE TANGO - Écoutez par exemple La Bruja de Juan D’Arienzo.
• LA VALSE - Bailando me diste un beso, de Francisco Canaro.
• LA MILONGA - La vida es una miloga, de Pedro Laurenz.

Ces trois types de danse et musique se dansent de manière similaire, mais avec des intentions différentes : on tourne plus en valse, on s’arrête peu en milonga, en tango on cherche une intensité sur certains temps forts. Mais dans les 3 cas, nous cherchons l’écoute et la complicité avec notre partenaire, la musique et le bal.